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une espèce de grâce pour leur Énéide, leur Iliade et leur Odyssée, car Donna Inès redoutait la mythologie.

42. Ovide est un vaurien, comme l’attestent la moitié de ses vers ; Anacréon offre une morale encore plus relâchée ; on trouve à peine dans Catulle une pièce de vers qui soit décente, et pour Sapho, son ode ne me semble pas d’un bon exemple, en dépit de ce que dit Longin, qu’il n’y a pas d’hymne où le sublime se fasse mieux sentir[1]. Cependant, les chants de Virgile sont chastes, si l’on excepte cette horrible églogue commençant par Formosam pastor Corydon.

43. L’impiété hardie de Lucrèce est une nourriture indigeste pour de jeunes estomacs, et je ne puis pardonner à Juvénal, malgré la droiture de ses intentions, d’avoir, dans ses vers, poussé la franchise jusqu’à la grossièreté. Quant à Martial, quel est l’homme bien élevé qui aimerait ses dégoûtantes épigrammes ?

44. Juan étudiait sur la meilleure édition expurgée par des hommes instruits, qui judicieusement avaient placé hors de la vue des écoliers les endroits les plus obcènes. Seulement, dans la crainte de défigurer par ces rognures leur modeste poète et par pitié pour ses membres mutilés, ils les avaient

  1. Ινα μη εν τι περι αυτην παθος φοπνεται, παθων δε συνοδος. (LONGIN, Section X.)