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CAIN1,

MYSTÈRE EN TROIS ACTES.

« Or, le serpent était le plus subtil de tous les animaux que le Seigneur Dieu avait créés. » — Genèse, ch. III, v. 1.
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A SIR WALTER SCOTT, BARONNET,
CE MYSTÈRE DE CAÏN
est dédié par son obligé et fidèle serviteur,
L’AUTEUR2.

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PRÉFACE.

Le drame qui suit est intitulé Mystère ; c’est le nom que l’on donnait aux anciennes pièces de théâtre qui traitaient à peu près le même sujet ; elles étaient appelées mystères ou moralités. L’auteur est loin d’avoir pris avec son sujet les libertés dont ne se faisaient point faute les auteurs de ces pièces profanes en Angleterre, en France, en Espagne, en Italie, comme pourront s’en convaincre les lecteurs qui voudraient consulter ces collections3 : l’auteur s’est efforcé de conserver à chaque personnage le langage conforme à son caractère. Lorsqu’il a emprunté les paroles mêmes de l’Écriture, il a fait aussi peu de changements que le pouvaient comporter les obligations imposées par le rhythme.

Le lecteur se rappelle que la Genèse ne dit pas qu’Ève ait été tentée par un démon, mais par le serpent, qui obtint la préférence, parce qu’il était le plus rusé de tous les animaux. Quelque interprétation que les Pères et les rabbins aient donnée de ce passage, je prends les mots comme je les trouve, et je réponds, comme faisait l’évêque Watson, modérateur, à Cambridge, lorsqu’on lui citait les Pères de l’Église : « Voici le livre, » disait-il, en montrant les Écritures. Qu’on sache bien que mon drame n’a rien à démêler avec le Nouveau Testament, qu’on ne peut invoquer en cette occasion sans faire un anachronisme. Je ne suis que peu familiarisé avec les auteurs qui ont traité des sujets du même genre. Depuis l’âge de vingt ans je n’ai jamais lu Milton ; mais je l’avais lu si souvent auparavant, que cela revient au même. J’ai lu la Mort d’Abel, de Gessner, pour la dernière fois, à l’âge de huit ans, à Aberdeen ; j’en ai conservé