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Pallas, te hoc vulnere, Pallas

Immolât, et pœnam scelerato ex sanguine sumit.

Eneid. lib. xii.

Athènes, couvent des Capucins, 17 mars 1811.

Sur les collines de la Morée s’abaisse avec lenteur le soleil couchant, plus charmant à sa dernière heure. Ce n’est pas une clarté obscure, comme dans nos climats du nord ; c’est une flamme sans voile, une lumière vivante. Les rayons jaunes qu’il darde sur la mer calmée dorent la verte cime de la vague onduleuse et tremblante. Au vieux rocher d’Égine et à l’île d’Hydra, le dieu de l’allégresse envoie un sourire d’adieu ; il suspend son cours pour éclairer encore ces régions qu’il aime, mais d’où ses autels ont disparu. L’ombre des montagnes descend rapidement et vient baiser ton golfe glorieux, Salamine indomptée ! Leurs arcs azurés, s’étendant au loin à l’horizon, se revêtent d’un pourpre plus foncé sous la chaleur de son regard ; çà et là sur leurs sommets, des teintes plus éclairées attestent son joyeux passage, et reflètent les couleurs du ciel, jusqu’à ce qu’enfin sa lumière est voilée aux regards de la terre et de l’Océan, et derrière son rocher de Delphes il s’affaisse et s’endort.

Ce fut par un soir comme celui-ci qu’il jeta son rayon le plus pâle, lorsque ton sage, ô Athènes, le vit pour la dernière fois. Avec quelle anxiété les meilleurs d’entre tes fils suivirent du regard sa mourante clarté, dont le départ allait clore le dernier jour de Socrate immolé ! — Pas encore ! — pas encore ! — Le soleil s’arrête sur la colline, il prolonge l’heure précieuse du dernier adieu ; mais aux regards d’un mourant, triste est sa lumière, sombres sont les teintes naguère si douces de la montagne. Phébus semble jeter un voile de tristesse sur cette terre aimable, cette terre à laquelle jusqu’alors il avait toujours souri ; mais avant qu’il eût disparu derrière la cime du Citéron, la coupe de mort était vidée, — l’âme avait pris son