Page:Byron - Œuvres complètes, trad. Laroche, II.djvu/10

Cette page n’a pas encore été corrigée

vol, l’âme de celui qui dédaigna de craindre ou de fuir, qui vécut et mourut comme nul ne saura vivre ou mourir.

Mais, voyez ! des hauteurs de l’Hymette où la plaine, la reine des nuits prend possession de son silencieux empire ; nulle vapeur humide, avant-coureur de l’orage, ne voile son beau front, ne ceint ses brillants contours. La blanche colonne salue avec reconnaissance la venue de l’astre, dont sa corniche reflète les rayons, et, du haut du minaret, le croissant, son emblème, étincelle de ses feux. Les bouquets d’oliviers, au loin épars, aux lieux où le doux Céphise promène son filet d’eau ; le cyprès mélancolique, près de la mosquée sainte ; le riant kiosque et sa brillante tourelle ; et, près du temple de Thésée, ce palmier solitaire s’élevant triste et sombre au milieu de ce calme sacré ; tous ces objets, revêtus de teintes variées, captivent la vue, et insensible serait celui qui les verrait avec indifférence.

La mer Égée, dont à cette distance on n’entend plus la voix, apaise le courroux de ses ondes ; son vaste sein, reflétant des teintes plus suaves, se déroule en longues nappes de saphir et d’or, mêlées aux ombres de mainte île lointaine dont le sombre aspect contraste avec le sourire de l’Océan.

C’est ainsi que, dans le temple de Pallas, j’observais les beautés du paysage et de la mer, seul, sans amis, sur ce magnifique rivage dont les chefs-d’œuvre et les exploits ne vivent plus que dans les chants des poètes ; pendant que mes regards erraient sur cet édifice incomparable, sacré pour les dieux et mutilé par l’homme, le passé m’apparaissant, pour moi le présent cessait d’exister, et la Grèce redevenait la patrie de la gloire.

Les heures s’écoulaient et le disque de Diane avait parcouru dans ce beau ciel la moitié de sa carrière, et cependant je continuais sans me lasser à parcourir ce temple désert, consacré à des dieux disparus sans retour, mais principalement à toi, ô Pallas ! La lumière d’Hécate, brisée par les colonnes, tombait plus mélancolique et plus belle sur le marbre glacé où le bruit de mes pas qui s’effrayaient eux-mêmes, semblable à un écho de mort, faisait frissonner mon cœur solitaire.