Page:Byron - Œuvres complètes, trad. Laroche, I.djvu/29

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
13
HEURES DE PARESSE.

Pourtant, nous avons beau ployer avec une résignation feinte, la vie ne fait plus luire sur nous un seul rayon de bonheur ; l’amour et l’espérance n’ont plus de consolations pour nous sur la terre ; dans le tombeau est notre espoir, car dans la vie est notre crainte.

Ô mon adorée ! quand me déposera-t-on dans ma tombe, puisque ici-bas l’Amour et l’Amitié m’ont quitté pour jamais ! Si au séjour de la mort je puis de nouveau te presser sur mon cœur, peut-être laisseront-ils les morts en paix.

1805


STANCES À UNE DAME, EN LUI ENVOYANT LES POÈMES DU CAMŒNS.

Beauté chérie, peut-être en ma faveur tu priseras ce gage d’une tendre estime ; ce livre parle de l’amour et de ses rêves enchanteurs : c’est un sujet que nous ne pouvons jamais traiter avec dédain.

Qui le blâme, en effet, sinon le sot envieux, la vieille fille désappointée, ou la femme qui, élevée à l’école de la pruderie, est condamnée à languir dans son ennui solitaire ?

Mais toi, femme charmante, toi qui n’appartiens à aucune de ces catégories, lis ces vers, lis-les avec émotion ; je n’aurai pas en vain appelé ta pitié sur les infortunes du poëte.

Car c’était là un vrai poëte ; sa flamme n’était point une flamme factice. Puisse comme lui l’amour te récompenser ; mais que sa destinée ne soit pas la tienne !



LE PREMIER BAISER DE L’AMOUR.

Ἁ βάρβιτος δὲ χορδαῖς
Ἔρωτα μοῦνον ἠχεῖ.
        Anacreon.

Arrière les fictions de vos romans imbéciles, ces trames de mensonges tissues par la Folie ! Donnez-moi le doux rayon d’un regard qui vient du cœur, ou le transport que l’on éprouve au premier baiser de l’amour.

Rimeurs, qui ne brûlez que du feu de l’imagination, dont les passions pastorales sont faites pour le bocage, de quelle