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ŒUVRES DE LORD BYRON

Quand je pense à ce sein éclatant de blancheur, je brûle d’en toucher la neige ; mais ce désir audacieux, je le réprime, de peur de troubler ton repos.

Un regard de ton œil pénétrant me fait palpiter ou d’espoir ou de crainte ; pourtant je cache mon amour, et pourquoi ? — C’est que je veux t’épargner des larmes de douleur.

Jamais je ne t’ai dit mon amour, mais tu n’as que trop vu ma flamme ardente ! Est-ce maintenant que je dois t’entretenir de ma passion, afin de changer en enfer le ciel de ton âme ?

Non, car tu ne peux jamais être à moi ! Jamais l’église ne pourrait sanctionner notre union. Ô mon amie ! tu ne m’appartiendras jamais que par des liens purs et célestes !

Que mon feu se consume donc en secret ! Qu’il se consume ! je te le laisserai ignorer. J’aime mieux mourir que de laisser briller sa lueur criminelle.

Je ne veux point soulager mon cœur torturé en détruisant la paix du tien. Plutôt que de t’infliger un coup aussi cruel, je préfère étouffer en moi toute pensée présomptueuse.

Oui, tes lèvres adorées, pour lesquelles je braverais plus que je n’ose dire, j’en fais le sacrifice. Pour sauver ton honneur et le mien, je le dis maintenant un dernier adieu.

Je renonce à presser sur mon cœur ton sein charmant ; je resterai seul avec mon désespoir : je renonce à tes doux embrassements. Ah ! pour les conquérir, je puis m’exposer à tout, hormis à ton déshonneur.

Du moins, tu resteras pure : nulle matrone n’aura le droit de parler de ta honte. Je serai en proie à d’incurables douleurs, mais je ne t’aurai point immolée à l’amour.



À CAROLINE.

Crois-tu donc que j’aie vu sans m’émouvoir tes beaux yeux baignés de larmes me supplier de rester ; que j’aie été sourd à tes soupirs qui en disaient plus que des paroles n’auraient pu en dire ?

Quelque vive que fût l’affliction qui faisait couler tes