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ŒUVRES DE LORD BYRON

tu dors de ton dernier sommeil, mais on y voit pleurer des statues vivantes. L’image de la Douleur ne s’incline pas sur ta tombe, mais la Douleur elle-même déplore ta perte prématurée. Ton père pleure en toi le premier né de sa race ; mais l’affliction d’un père ne saurait égaler la mienne. Nul sans doute n’adoucira ses derniers moments comme l’eût fait ta présence ; pourtant d’autres enfants lui restent pour charmer ici-bas ses ennuis. Mais qui te remplacera auprès de moi ? quelle amitié nouvelle effacera ton image ? Aucune ! — Les pleurs d’un père cesseront de couler ; le temps apaisera la douleur d’un frère jeune encore. Tous, hormis un seul, seront consolés ; mais l’amitié gémira solitaire.

1803.


FRAGMENT.

Le jour où la voix d’un père me rappellera au céleste séjour, et où mon âme partira joyeuse ; quand mon ombre voyagera sur l’aile des vents, ou, couverte d’un nuage sombre, descendra sur le flanc de la montagne, oh ! qu’une urne magnifique n’enferme point ma cendre et ne marque point le lieu où la terre retourne à la terre ! Point de longue inscription, point de marbre chargé de mon éloge : que, pour toute épitaphe, on écrive mon nom. S’il faut autre chose pour honorer ma cendre, eh bien ! je ne veux pas d’autre gloire ! Que ce soit là le seul indice du lieu de ma sépulture ! Si cela ne suffit pas pour me rappeler au souvenir des hommes, je consens qu’on m’oublie.

1803.


VERS COMPOSÉS EN QUITTANT L’ABBAYE DE NEWSTEAD.
Pourquoi construis-tu ce manoir, fils des jours à l’aile rapide ? Aujourd’hui tu regardes du faîte de la tour : encore quelques années, et le souffle du désert viendra mugir dans la tour solitaire. »      Ossian.

Newstead, à travers tes créneaux, les vents mugissent sourdement. Manoir de mes pères, te voila qui dépéris ; dans tes jardins, que la joie animait naguère, la ciguë et le chardon croissent où fleurissait la rose.

De ces barons couverts de cottes de mailles, qui, fiers de