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POÉSIES DIVERSES, COMPOSÉES EN 1809 ET 1810.

EH BIEN ! TU ES HEUREUSE(1). Eh bien! tu es heureuse, et je sens que je devrais l’être aussi ; car ton bonheur est, comme autrefois, l’objet de tous mes vœux. Ton époux est heureux, — et il y a pour moi de la douleur dans le spectacle de sa félicité ; mais qu’elle passe, cette douleur ! — Oh ! combien mon cœur le haïrait s’il ne t’aimait pas ! La dernière fois que j’ai vu ton enfant chéri, j’ai cru que mon cœur jaloux allait se briser ; mais quand sa bouche innocente m’a souri , je l’ai embrassé en souvenir de sa mère. Je l’ai embrassé, et j’ai étouffé mes soupirs en voyant en lui les traits paternels ; mais enfin il avait les yeux de sa mère, et ceux-là étaient tout à l’amour et a moi. Adieu, Marie ! Il faut que je m’éloigne ! Tant que tu seras heureuse je ne me plaindrai pas ; mais je ne puis plus rester auprès de toi : mon cœur ne tarderait pas a être de nouveau à toi. Je croyais que le temps, je croyais que la fierté avaient enfin éteint ma jeune flamme ; et ce n’est que lorsque je me suis trouvé assis à ton côté que j’ai reconnu que, sauf l’espérance, mon cœur était toujours le même. Et pourtant j’étais calme : il fut im temps où mon sein eût tressailli devant ton regard ; mais en ce moment c’eût été un crime que de trembler. — Nous nous vîmes, et pas une fibre ne fut agitée en moi. Je vis tes yeux se fixer sur mon visage ; ils n’y découvrirent aucun trouble ; tu ne pus y apercevoir (jif un seul sentiment, la sombre trau(juillilé du désespoir. Partons ! partons! Ma mémoire ne doit plus évoquer mon