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Et tu balbuties déjà le nom de ton père ! Ah ! William, que ce nom n’est-il le tien ! Mais écartons d’affligeants reproches et d’amers souvenirs. Va, mes soins paternels expieront mes torts ; l’ombre de ta mère sourira joyeuse ; elle me pardonnera tout le passé, ô mon fils ! Un simple gazon a couvert son humble tombe, et tu as pressé le sein d’une étrangère ; la Dérision insulte à ta naissance, et c’est a peine si elle te laisse un nom ici-bas. Qu’importe ? Tu n’en perdras pas une seule espérance ; le cœur d’un père est a toi, ô mon fils ! Eh ! que me font a moi le monde et sa rigueur barbare ? dois-je désavouer les droits sacrés de la Nature ? Non, non ! dussent les moralistes me désapprouver, je le salue, cher enfant de l’amour, bel ange, gage de jeunesse et de joie ; un père protège ton berceau, ô mon fils ! Oh ! avant que l’âge ait ridé mes traits, avant que ma vie ait atteint le milieu de sa course, qu’il me serait doux de voir tout à la fois en toi et un frère et un fils, et de consacrer le déclin de mes ans à m’acquitter envers toi, ô mon fils ! Tout jeune et imprudent qu’est ton père, la jeunesse n’affaiblira pas en lui les sentiments paternels ; et, lors même que tu lui serais moins cher, tant que l’image d’Hélène revivra en toi, ce cœur encore palpitant de sa félicité passée n’en abandonnera jamais le gage, ô mon fils ! 1807.

Adieu ! si dans le ciel on entend la prière. Adieu ! si dans le ciel on entend la prière d’une âme fervente qui prie pour le bonheur d’une autre, la mienne ne sera pas tout entière perdue dans les airs ; mais elle ira porter ton nom par delà le firmament. Que servirait de parler, de pleurer, de gémir ? Oh ! plus de douleurs que n’en pourraient dire des larmes de sang, arrachées des yeux d’un coupable expirant, sont contenues dans ce seul mot : — Adieu ! — Adieu ! Mes lèvres sont muettes, mes yeux sont secs ; mais il y a dans mon sein et dans mon cerveau des tourments qui ne