Page:Byron - Œuvres complètes, trad. Laroche, I.djvu/201

Cette page n’a pas encore été corrigée

Quelque simples que fussent les sujets qui faisaient résonner ma lyre grossière, ces sujets ont disparu pour toujours ; les yeux qui inspiraient mon rêve ont cessé de briller ; mes visions sont parties, hélas ! pour ne plus revenir.

Lorsqu’est bu le nectar qui remplissait la coupe, pourquoi chercher en vain à prolonger la joie du festin ? Lorsqu’est froide la Beauté qui vivait dans mon âme, quelle puissance de l’imagination pourrait ranimer mes chants ?

Mes lèvres peuvent-elles parler d’amour dans la solitude, de baisers et de sourires auxquels il leur faut dire adieu ? Peuvent-elles s’entretenir avec délices des heures écoulées ? Oh ! non ; car ces heures ne peuvent plus être à moi.

Parleront-elles des amis à l’affection desquels j’avais voué ma vie ? Ah ! l’amitié sans doute ennoblirait mes chants ; mais quelle sympathie éveilleront mes vers dans leur âme, lorsque je puis à peine espérer de les revoir ?

Dirai-je les hauts faits de mes pères, et consacrerai-je les sons éclatants de ma harpe à célébrer leur gloire ? Mais combien ma voix est faible pour de telles renommées ! combien sera insuffisante mon inspiration pour chanter les exploits des héros !

Je dépose ma lyre, encore vierge ; je laisse aux vents à faire résonner ses cordes : qu’elle se taise ! mettons fin à mes faibles efforts. Ceux qui l’ont entendue me pardonneront le passé, sachant que sa voix murmurante a vibré pour la dernière fois.

Son errante et irrégulière mélodie sera bientôt oubliée, maintenant que j’ai dit adieu à l’amitié et à l’amour. Heureux eût été mon destin, fortuné mon partage, si mon premier chant d’amour eût aussi été le dernier !

Adieu, ma jeune Muse, puisque maintenant nous ne devons plus nous revoir ! Si nos chants ont été faibles, du moins ils sont peu nombreux ; espérons que le présent nous sera doux, le présent qui met le sceau à notre éternel adieu.

À UN CHÊNE DE NEWSTEAD.

Jeune chêne, quand mes mains t’ont planté, j’espérais que