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son estime après avoir inspiré son amour, comme la célèbre marquise dont la résistance à la passion du roi Henri IV fut si célèbre en son temps ? Si cette femme vertueuse a réellement vécu, qui est-elle ?

Voici, sans plus attendre, quelle est selon nous la solution de ce problème : une femme a existé, qui a eu la réputation méritée par la marquise de Guercheville ; mais il n’est pas impossible que cette réputation ait été usurpée.

Ce n’est pas sans de longues recherches que nous sommes arrivé à cette conclusion, si insuffisante qu’elle puisse paroître. Nous prions qu’on veuille bien revenir avec nous sur le chemin que nous avons dû suivre, non sans nous égarer bien souvent, pour fournir une réponse aux questions posées.

La femme vertueuse dont parle l’auteur seroit la comtesse de L…; son rang, peut-être l’emploi de son mari lui permettoient d’être toujours à la Cour, que le Roi fût à Versailles, à Saint-Germain ou à Fontainebleau. Or, en dépouillant les Lettres de Mme de Sévigné, les Mémoires de Saint-Simon, le Journal de Dangeau et les États de la France, il est facile de relever tous les noms des personnages de l’entourage du Roi faisant précéder du titre de comte un nom commençant par l’initiale L. Nous avons fait cette revue ; aucun des noms que nous avons trouvés ne s’appliquoit à une femme réunissant à la fois toutes les conditions exigées pour satisfaire aux termes du problème : celle-ci étoit trop jeune, celle-là trop âgée ; l’une s’étoit compromise avec quelque galant ; l’autre étoit, en 1672, dans une position effacée d’où elle n’est jamais sortie.

Après toutes ces tentatives vaines pour arriver à la vérité, désespérant de la découvrir nous-même, nous avons adressé, par la voix de l’Intermédiaire, un appel à de mieux informés : on nous a répondu par le nom de Mme de Ludres, chanoinesse de Poussay ; mais celle-ci, n’ayant pas de mari, n’était pas femme