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cavalières qui aient jamais été, parut aussi infatigable que les meilleurs cavaliers dans la force de leur course. Elle fut toujours à la tête des chiens, en conduisant son cheval avec une adresse admirable, ce qui la fit distinguer de toutes les autres dames, et lui attira plusieurs louanges que cette charmante chasseresse reçut modestement, particulièrement du marquis de Bordage[1], qui ne l’avoit point abandonnée un moment, et qui étoit devenu passionnément amoureux d’elle dans cette rencontre. Il est vrai qu’il est bien difficile à un homme un peu délicat en mérite de conserver sa liberté en la compagnie du sexe féminin, quand la nature a donné à ces aimables conquérantes les dons de se faire aimer.

Nous lisons qu’un philosophe moderne ayant fait tous ses efforts pour ne pas sentir la foiblesse de l’amour, fit une ferme résolution de ne voir jamais de femmes, espérant par ce moyen que leurs charmes ne troubleroient point son repos ; mais étant un jour dans sa solitude ordinaire, qui étoit comme un petit désert, où

    novembre 1676 ; le 19 mars 1692 elle épousa le duc du Maine, un mois environ après le mariage de Mlle de Chartres.

  1. Un marquis du Bordage fut tué à la prise de Philisbourg, par le Dauphin, octobre 1688 : il commandoit un régiment que le Roi donna au duc du Maine, le futur époux de mademoiselle de Bourbon. (Voy. la note précédente.) Le fils obtint du Roi la promesse d’un régiment, et mille écus de pension. René de Montboucher, marquis du Bordage, ayant épousé en 1669 Elisabeth Goyon, héritière du marquis de La Moussaye, son fils étoit bien jeune vers 1690 ou 1692, date approximative de ce pamphlet, pour oser porter si haut ses visées. Mais on sait combien peu de confiance mérite ce libelle.