Page:Bussy Rabutin - Histoire amoureuse des Gaules, t. 4, éd. Boiteau, 1876.djvu/34

Cette page n’a pas encore été corrigée

la Cour en faveur de tous les vôtres ; voyez, Madame, vous pouvez contenter le Roi, faire votre fortune et celle de vos amis sans blesser votre devoir. — Ce que vous venez de me dire, répartit la comtesse, mérite d’être pesé » ; et prenant dans ce moment un air grave et sérieux, comme feroit une Reine qui répondroit à un ambassadeur : — « Vous direz au Roi votre maître que je lui suis bien obligée de toutes les offres qu’il me fait, que je me reconnois indigne d’un si grand honneur, et, pour lui témoigner que je reçois comme je dois des propositions si avantageuses, vous lui direz, s’il vous plaît, que j’en conférerai tantôt avec mon mari qui y a le même intérêt, et sans lequel je ne puis rien faire. Vous savez, ajouta-t-elle, avec un souris malicieux, que ce sont de petits souverains dans leur famille ; ce qui fait que je me sens obligée de lui rendre compte de tout. — Vous savez trop bien le monde, répondit le duc, pour faire cette bévue. — Je sais mon devoir, dit-elle, et ne vous mêlez pas, je vous prie, de me l’apprendre. Vous avez fait votre commission, cela suffit ; allez en rendre compte au Roi, et lui rapportez ma réponse. — Mais oserai-je, Madame, répliqua le duc, lui porter une semblable parole ? — Cela ne vous regarde point, dit la comtesse ; un ambassadeur n’est pas responsable du succès de son ambassade ; comme il n’agit que conformément aux ordres qu’il a reçus de son maître, il doit aussi rapporter fidèlement les réponses qu’on lui donne. — Vous voulez donc, Madame, que je dise au Roi… — Que je lui sais bon gré de l’honneur qu’il me fait, lui dit-elle en l’interrompant ;