Page:Bussy Rabutin - Histoire amoureuse des Gaules, t. 4, éd. Boiteau, 1876.djvu/339

Cette page n’a pas encore été corrigée

qu’ils exprimoient les passions de son cœur. Les voici comme elle les chanta :

L’on dit que la colère
Peut dégager un cœur,
Mais ce n’est qu’une erreur,
Et je sais le contraire.
Aime-t-on tendrement ?
Ah ! difficilement
Peut-on fuir ce qu’on aime.
Qui se fâche aisément
Doit s’apaiser de même.

Le comte de Souche trouva tant de sincérité dans cet air qu’il pria sa femme de le dire deux ou trois fois, ce qu’elle fit agréablement et dit encore ce qui suit :

Le Soleil, jaloux des plaisirs
Qu’on goûte dans la plaine,
Empêche que les doux zéphirs
Ne soufflent leur haleine.
Mais malgré toute sa chaleur,
Je chercherai l’ombrage,
Et j’aurai de la fraîcheur
Au fond de ce bocage.

M. Desnué, qui prit la basse, chanta ces paroles avec le clavecin :

Ah ! que ce séjour est charmant
Pour la demeure des amants !
On goûte une joie parfaite
Dans cette agréable retraite.

Le comte de Souche voulut prendre part à la charmante symphonie, et fit ces vers impromptus :

Mon Dieu ! que vous avez d’appas !
Le doux plaisir de vous ouïr chanter !
Les dieux, s’ils étoient ici-bas,
Seroient forcés de vous aimer.