Page:Bussy Rabutin - Histoire amoureuse des Gaules, t. 4, éd. Boiteau, 1876.djvu/307

Cette page n’a pas encore été corrigée

Les philosophes nous le prouvent en nous faisant connoître que tous les êtres du monde doivent retourner au lieu d’où ils ont pris leur origine. L’homme, qui est un être fini, est composé de deux parties qui sont l’âme et le corps. Cette première, son règne étant achevé, retourne au ciel qui est la source d’où elle est venue, et le dernier va au sein de la terre d’où le premier homme est né. — Vous passez donc, Madame, interrompit notre prince, en regardant la comtesse du Lude, de la philosophie à la théologie ? Il faut avoir autant d’esprit que vous en avez pour soutenir les thèses que vous avancez. Qu’il est glorieux, Madame, pour votre sexe d’avoir des personnes qui se distinguent par leur génie ! Un de nos philosophes modernes donnoit en son temps des leçons aussi bien aux femmes qu’aux hommes ; mais le savoir que vous avez, la nature vous en a fait un don en naissant. — Sire, répondit la comtesse, si j’avois assez de foiblesse pour tirer de la vanité des douceurs coutumières que les galants hommes disent ordinairement aux femmes, je me perdrois en écoutant le joli panégyrique que vous faites de moi ; mais je me connois un peu. Si quelques lumières brillent en mon esprit, un nombre infini de ténèbres en diminuent la beauté. »

Le Roi brûloit d’envie de pousser la conversation plus loin ; mais des affaires du Parlement qui furent apportées à Sa Majesté par M. Talon[1],

  1. Denis Talon, fils d’Omer Talon II et de Françoise Doujat, succéda à son père dans sa charge d’avocat-général au Parlement, en 1652. On lui attribue à tort, selon Moréri, le livre de l’Autorité des Rois qui est de Rolland