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labyrinthes, et enfin tout ce qui peut embellir un lieu champêtre.

Quand on fut entré dans le bois, les uns prirent une route, les autres une autre, selon que le désir, le caprice, le hasard ou quelque dessein prémédité les conduisoit. Le duc, qui avoit toujours le sien en tête, conduisit si bien la chose, qu’il se trouva seul avec la comtesse ; et quand il se vit assez éloigné pour n’être entendu de personne, il commença de louer les charmes de sa beauté et de son esprit et d’exalter le bonheur du comte, qui possédoit une femme si accomplie.

Comme elle ne s’attendoit point à ce que le duc avoit à lui dire, elle lui répondit sans façon comme font la plupart des femmes, quand on leur fait de semblables compliments, qu’elle n’avoit point tous ces avantages dont il la vouloit flatter ; et que, quand cela seroit, on ne voyoit guère de maris compter pour un grand bonheur celui d’avoir rencontré une belle femme. Le duc qui, comme j’ai dit, savoit profiter de tout, voyant qu’elle le mettoit, quoiqu’innocemment, en si beau chemin, ne manqua pas de relever ce que la comtesse venoit de dire. — « Vous avez raison, Madame, lui dit-il, de trouver que les maris ne rendent pas là-dessus toute la justice qu’ils doivent au mérite de leurs épouses ; il semble que le mariage leur ait fait perdre toute leur beauté et tous leurs agréments, ou qu’ils aient perdu eux-mêmes ce goût exquis que les autres ont, et qu’ils soient devenus tout-à-fait insensibles. — Ce n’est point cela, répondit la comtesse, qui vouloit réparer