Page:Bussy Rabutin - Histoire amoureuse des Gaules, t. 4, éd. Boiteau, 1876.djvu/299

Cette page n’a pas encore été corrigée

du monde, qu’il est avantageux pour notre sexe qu’un prince aussi aimable comme est le nôtre, prenne généreusement le parti des pauvres femmes, que l’on outrage sensiblement ! — Madame, répondit le Roi, si elles étoient toutes faites comme vous, il ne seroit pas besoin de les défendre ; mais sans raillerie, il me souvient que M. de Guise perdit entièrement sa réputation auprès des femmes, pour des affaires de cette nature, et que, quand il est mort, il n’eût pas trouvé une servante de la ville qui l’eût voulu croire. — Mais, Sire, répliqua le prince de Turenne, quelquefois l’on y est obligé par des motifs de conscience, et par les conseils de son curé, qui dit assez souvent qu’il faut rompre les attachements de la chair. — Ah ! l’honnête homme, s’écria le Roi, en riant de tout son cœur. Jamais il ne s’est vu une confidence si tendre et qui mérite si bien la rémission

    parlé, t. I, p. 74. Le Jarzé dont il s’agit ici acheta en 1685 le régiment d’Hamilton au prix de 11,000 écus ; en 1688 il eut le bras emporté à Philipsbourg ; il conserva cependant son régiment jusqu’en 1691, et le vendit alors 40,000 francs au marquis de Montendre. En 1692, il voulut racheter le régiment de dragons de Barbezières au prix de 80,000 francs : le Roi ne lui permit pas de reprendre du service, après l’avoir quitté. Nous le retrouvons le 18 avril 1708 nommé ambassadeur en Suisse et autorisé à ne se rendre à son poste qu’au mois de septembre ; mais, dans l’intervalle, étant à son château de Jarzé en Anjou, il fit une chute si malheureuse qu’il fut hors d’état de s’acquitter de son emploi et dut donner sa démission. Son avarice y trouvoit son compte. Sa femme et sa mère se félicitoient fort, après qu’il eut quitté l’armée, de pouvoir le retenir en Anjou : peut-être ne furent-elles pas étrangères au parti qu’il prit de renoncer à son ambassade. Voyez Saint-Simon, Dangeau, Sévigné, etc.