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Franche-Comté qui lui appartenoit[1] ; et pour cet effet Sa Majesté envoya le six de février le prince de Condé devant la ville de Besançon, capitale de cette province[2]. Les habitants témoignèrent d’abord qu’ils vouloient bien se soumettre à Sa Majesté, et même la recevoir, mais comme dans une ville impériale[3]. Néanmoins ils se rendirent simplement à l’obéissance du Roi.

Sa Majesté ayant quitté le marquis de Bellefonds[4], le jour suivant, vit mademoiselle de la Mothe[5] qui étoit une beauté enjouée et fort charmante, et beaucoup d’esprit, à qui il dit les choses les plus galantes du monde. Ce prince

  1. En 1668. Louis XIV revendiquoit la Franche-Comté au même titre que la Flandre, en vertu des droits de la reine, fille de Philippe III.
  2. Le prince de Condé, que le marquis de Louvois vouloit, en quelque sorte, opposer à Turenne, dont la faveur lui donnoit de l’ombrage, prit Besançon en deux jours, malgré la saison (7 février 1668). — Voy. Mémoires du P. d’Avrigny.
  3. La ville envoie vers Condé deux députés. Ceux-ci « se plaignent qu’on les attaque, étant comme ils sont ville impériale, en paix avec le Roy très-chrétien, aussi bien que tout l’Empire, et ne luy en ayant jamais donné le sujet ; offrent ensuite de le recevoir, s’il vient, mais en cette qualité de ville impériale ; passent enfin jusques à le choisir pour protecteur, aux mêmes conditions que Louis XI l’avoit été. » Le prince de Condé refuse, et la ville est obligée de se rendre : « ainsi le prince qui n’avoit paru devant cette place que le sixième février, y entra le lendemain septième au matin. » Pellisson, Hist. de Louis XIV, liv. V.
  4. Il semble que les deux paragraphes précédents, étrangers au récit, aient été interpolés.
  5. Voy. t. II, p. 49 (texte et notes), pour tout ce qui suit. Les deux textes ont cependant quelques légères différences.