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craindre, le duc de Saint-Aignan, par l’ordre du Roi, l’alla quérir. — « Hélas ! dit-elle, en entrant, d’un air le plus tendre du monde, la fortune me redonne encore mon cher prince. — Oui, mon incomparable, lui répartit le Roi, pour vous aimer avec plus d’ardeur que jamais. » Il lui montra les vers[1] qu’elle lui avoit donnés, qu’il portoit sur son cœur. En voici les termes :

Il est de fortes chaînes et des sympathies,
Qui d’un charme inconnu nos âmes lient ;
Et nous attache tendrement à vous aimer,
Par un revers secret qui ne se peut trouver.

Après la maladie du Roi[2], qui fut plus violente que longue, il n’y eut point de femme à la Cour qui ne travaillât à lui donner de l’amour. Madame de Chevreuse présenta à Sa Majesté madame de Luynes, qui étoit la plus belle femme du monde, mais de peu d’esprit, la duchesse de Soubise, la princesse Palatine, madame de Soissons ; mais le Roi en fit confidence à La Valière et n’en fit que rire avec elle[3]. Toutefois

  1. Dans le Palais-Royal ces prétendus vers sont remplacés par une lettre, t. II, p. 45.
  2. Pour tout ce qui suit, voy. II, 47.
  3. Dans son Teatro gallico (Amst., 1691, 3 vol. in-4o, t. I, pp. 524-525), Gregorio Leti dit : « Tra le donne che odiavano il più nella corte La Valiera, vi erano la duchessa di Orleans e la contessa di Soissons » ; parmi les dames de la Cour qui détestoient le plus La Valière, étoient la duchesse d’Orléans et la comtesse de Soissons. — Mais il ajoute : « Fù cosa miravigliosa che, nell’orditura di questa cabala si scontrasse che fossero senza parte alcuna la principessa Palatina, la duchessa di Soubize, e la signora di Luynes, che s’andava susurrando nella corte che ciascuna di queste havesse pretentione di poter colpire agli amori col Rè… ma potrebbe qui dirmi alcuno, e chi poteva sapere