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mère, et qui lui fit promettre, un jour qu’il souhaitoit d’elle des preuves de son amour[1], qu’il empêcheroit la chose. — « Ce que je vous demande, lui disoit la Reine, n’est pas une si grande assurance de votre passion que vous croyez. Car si le Roi épouse votre nièce, de l’humeur que je lui connois, il ne manquera jamais à la répudier et vous serez mal avec lui ; ce qui [me] chagrinera plus que le mariage, quoique mes desseins soient entièrement ruinés pour la paix, si le Roi n’épouse pas la fille du Roi d’Espagne. »

Le cardinal trouva la pensée de la Reine admirable et lui promit tout afin de posséder son cœur[2]. Cependant le Roi a marqué toujours une aversion si extraordinaire pour le démariage[3], et il l’a déclaré si souvent, qu’il donne bien lieu de croire qu’il ne se seroit pas voulu servir de ce méchant usage. Notre sublime cardinal maria enfin sa nièce au duc de Colonna[4], dans le dessein de faire mieux sa cour proche de[5] la reine qui l’en remercia avec

  1. A cette époque (1659), la reine, née en 1601, avoit 58 ans ; Mazarin, né en 1602, avoit 57 ans. Cf. t. I, p. 184.
  2. Ce motif n’étoit point celui qui dirigeoit la généreuse conduite de Mazarin. Voy. t. II, p. 10 et 21 (notes).
  3. Ce mot ne se trouve dans aucun dictionnaire du temps, et n’a même jamais été admis par l’Académie françoise. Cependant on le rencontre à la même époque dans divers autres ouvrages.
  4. Voy. t. II, p. 22.
  5. A cette locution, comme à plusieurs autres et à l’ignorance déjà constatée des règles de notre versification, il est facile de voir que cet opuscule n’a pas été écrit par un françois. Voy. t. II, p. 7.