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amour partagé, lui qui est si délicat en tendresse ?

M. Bontems. — Je ne sais, Madame, comme cela va, j’en ai du chagrin aussi bien que ses tantes ; et si elle nous avoit voulu croire, elle n’auroit jamais écouté le Roi.

Mme de Maintenon. — Son motif est, Monsieur, que le Roi fera sa fortune, et qu’il la mettra au rang de ses maîtresses, lesquelles à la vérité il n’a pas payées d’ingratitude pour leurs bons services.

M. Bontems. — La pensée est plus intéressée et plus maligne que je ne croyois. Quoi ! ma nièce, à l’âge où elle est, use de politique aussi fine ! De bonne foi je ne l’aurois jamais cru. Eh ! que deviendra donc son pauvre amant ? Il formera sans doute un ruisseau de larmes à ces tristes nouvelles.

Mme de Maintenon. — Bon, le Duc s’en consolera, et l’épousera quand le Roi en sera dégoûté.

M. Bontems. — Mais cependant, Madame, son front ne s’en trouvera pas mieux.

Mme de Maintenon. — Hélas ! Monsieur, comptez-vous cela pour quelque chose ? Dans le siècle où nous sommes, il n’y a point de familles distinguées qui ne joignent, même avec plaisir, l’aigrette de Vulcain aux armes que l’hymen leur donne, pourvu qu’elles y trouvent leur compte du côté de la fortune. Bon, bon, l’on fait semblant d’ignorer ce que l’on ne veut point connoître, sitôt qu’il nous apporte du bonheur.

M. Bontems. — En vérité, Madame, j’ai été