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Mme de Maintenon, se fâchant. — Sire, je mettrai en usage ce remède que Votre Majesté me donne ; et pour ne pas l’importuner davantage, je prends congé d’Elle.

Le Roi. — Allez, Madame, vous ne sauriez mieux faire.

Madame de Maintenon s’en va.

Le Roi, seul. — O ciel, que cette femme est insupportable avec son esprit jaloux ! Tout l’incommode, tout la chagrine, et rien ne lui plaît, sinon l’encens que l’on lui donne. Mais quel moyen de dire toujours des douceurs à une personne comme elle, de qui les appas sont usés et dans la dernière décadence ? Non, je ne le puis faire, mon penchant ne me le peut permettre, et la présence d’une beauté naissante me fait renaître. Il est des moments dans lesquels, sans ce secours innocent, la vie me seroit à charge. La vieille dévote a beau prêcher la pénitence sur ce sujet, je ne m’en puis passer.

ENTRETIEN XV.

Le Roi et Mademoiselle du Tron.

Le Roi, en souriant. — Eh bien ! Mademoiselle, vous avez entendu le beau sermon que Madame de Maintenon m’a fait ; que dites-vous de son éloquence ?

Mlle du Tron. — Sire, je dis que cette dame est infiniment savante, et qu’elle a la plus belle rhétorique du monde.

Le Roi. — Il est vrai, Mademoiselle, elle est toute sublime.