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Mme de Maintenon. — Sire, j’appréhendois que Votre Majesté fût trop longtemps seule ; c’est pourquoi je viens l’entretenir.

Le Roi, voulant la conduire. — Madame, je vous quitte[1] de ces soins obligeants ; aujourd’hui j’ai des embarras en tête, qui demandent la solitude. Un courrier m’a dit ce matin le pitoyable état où mes côtes sont réduites, Saint-Malo, etc…[2] bombardés et réduits en cendres, sont

  1. Je vous quitte, pour je vous tiens quitte. Le Dict. de Furetière donne ce sens qu’on ne trouve pas dans Richelet. Les lexiques de la langue de Corneille par M. Godefroy et par M. Marty-Laveaux ne le relèvent pas ; mais le lexique de la langue de Mme de Sévigné (Collect. des Grands Ecrivains) en cite plusieurs exemples : « Je vous quitte de la peine de me répondre, » etc.
  2. Saint-Malo étoit d’autant plus exposé qu’il étoit plus redoutable aux ennemis. On lit dans la Gazette : « de Paris le 12 janvier 1692 : « on a reçu avis que les armateurs, principalement ceux de Saint-Malo, continuoient d’amener incessamment un grand nombre de prises.

    « 2 février. — Deux vaisseaux du Roi, l’un de 20 ; l’autre de 26 pièces de canon, attaquèrent le 24 du mois dernier à la hauteur de Jersey deux anglois, l’un de 50 et l’autre de 60 pièces de canon : après six heures de combat ils les obligèrent à se retirer assez maltraitez. »

    Les années suivantes, Saint-Malo fut bombardé deux fois par les Anglois, le 26 novembre 1693 et le 14 juillet 1695. (Cunat, Saint-Malo et ses marins.) Le Mercure galant (vol. de juillet) contient, de la p. 262 à la p. 275, un Journal du bombardement de Saint-Malo, avec des extraits de lettres sur le même sujet, de la page 275 à la page 280. A la fin de l’hiver précédent, les habitants qui se rappeloient le bombardement de 1693 et qui ne prévoyoient pas celui qu’ils devoient subir, sans en souffrir d’ailleurs, au mois de juillet suivant, avoient multiplié chez eux les divertissements ; un ballet, le Retour des plaisirs, dont la musique avoit été faite par le maître de musique de la cathédrale,