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Le Roi. — Peut-on, Mademoiselle, se posséder, lorsqu’on est charmé de vous ? Vous inspirez aux personnes qui vous voient des sentiments qu’elles n’ont jamais eus, et qu’un mortel ne peut exprimer.

Mlle du Tron. — Mes charmes, Sire, sont donc bien extraordinaires, puisque les mortels ne les peuvent connoître ?

Le Roi. — Ah ! qu’ils sont puissants ! ah ! qu’ils sont merveilleux, ma divine beauté !

Mlle du Tron. — Sire, Votre Majesté va retomber dans son évanouissement, si elle y songe davantage.

Le Roi. — Non, non, Mademoiselle, je sens quelques forces qui viennent à mon secours.

Mlle du Tron. — Tant mieux, Sire, j’en suis ravie, et cela vient à propos, car voici Madame de Maintenon qui paroît.

Le Roi. — Eh ! où va cette vieille jalouse ? Elle enrage de n’être plus jeune, et de ne pouvoir charmer.

Mlle du Tron. — Quoi ! dans l’âge où elle est ?

Le Roi. — Oui, sans doute, et la bonne dame est plus amoureuse que jamais. Cachez-vous, mon soleil, pour un moment.

Mlle du Tron. — Il le faut bien.

ENTRETIEN XIV.

Le Roi, Mademoiselle du Tron, cachée, et Madame de Maintenon.

Le Roi, la saluant. — Où allez-vous donc, Madame, avec tant d’empressement ?