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qu’à Sa Majesté, qui a mille bontés pour moi, sans que je les aie méritées.

Mme de Maintenon. — Monsieur, sans compliment, prenez l’argent que voici.

M. Bernier s’en défend. — Vous vous raillez de votre valet, Madame ; je vous ai bien d’autres obligations, et je n’en ferai rien.

Mme de Maintenon. — Monsieur, je vous prie, mettez ce louis d’or[1] dans votre poche.

M. Bernier. — Madame, c’est donc pour vous obéir ; commandez à votre très-humble serviteur quand il vous plaira.

Mme de Maintenon. — Cela suffit, Monsieur, adieu, je vous quitte.

ENTRETIEN XIII.

Le Roi et Mademoiselle du Tron.

Le Roi, à genoux devant cette belle. — Enfin, adorable mignonne, l’amour que je sens pour vous n’est plus exprimable. Ah ! quels redoublements et quels transports inconnus vous me causez !

Mlle du Tron. — Sire, Votre Majesté change de couleur.

Le Roi, se pâmant. — Ah ! mon bel ange… ma divine… je n’en puis plus… je me pâme.

(Le Roi tombe évanoui.)

  1. Le louis d’or valoit alors 12 liv., soit 60 fr. de notre monnoie ; ordinairement, le prix de la visite des médecins étoit d’un petit écu. Voy. le Trio de la Médecine, de l’abbé d’Aubignac. Les chirurgiens et les apothicaires étoient moins bien traités ; cependant, quand maître François du Tertre faisoit au Roi une saignée au bras, il touchoit 300 liv., et 600 liv. pour une saignée au pied.