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M. l’Archevêque. — Sire, c’est une dispute qui est survenue entre M. l’Evêque de Noyon[1] et moi, qui

  1. L’Evêque de Noyon étoit de la famille de Clermont-Tonnerre. Saint-Simon a fait connoître la vanité de ce prélat, qui couvroit de ses armoiries tous les murs de son évêché, qui étaloit à une place d’honneur un tableau généalogique où on le faisoit descendre en même temps des empereurs d’Orient et des empereurs d’Occident, etc. Il a raconté son admission, par ordre du Roi, à l’Académie françoise où un discours amphigourique et emphatiquement louangeur, malignement prononcé à sa réception par l’abbé de Caumartin, fit de lui la risée de la Cour. « M. de Paris ne l’aimoit point. Il y avoit longtemps qu’il avoit sur le cœur une humiliation qu’il en avoit essuyée ; il n’étoit point encore duc et la Cour étoit à Saint-Germain, où il n’y avoit point de petites cours comme à Versailles. M. de Noyon, y entrant dans son carrosse, rencontra M. de Paris à pied ; il s’écrie, M. de Paris va à lui et croit qu’il va mettre pied à terre ; point du tout ; il le prend de son carrosse par la main et le conduit ainsi en laisse jusqu’aux degrés, toujours parlant et complimentant l’archevêque, qui rageoit de tout son cœur. M. de Noyon, toujours sur le même ton, monta avec lui et fit si peu semblant de soupçonner d’avoir rien fait de mal à propos que M. de Paris n’osa en faire une affaire ; mais il ne l’en sentit pas moins. » Premier grief ; en voici un second : « Cet archevêque… s’étoit mis peu à peu au-dessus de faire aucune visite aux prélats, même les plus distingués, quoique tous allassent souvent chez lui. M. de Noyon s’en piqua et lui en parla fort intelligemment. C’étoient toujours des excuses. Voyant que ces excuses durèrent toujours, il en parla si bien au Roi qu’il l’engagea à ordonner à M. de Paris de l’aller voir. Ce dernier en fut d’autant plus mortifié qu’il n’osa plus y manquer aux occasions et aux arrivées. » — Un troisième grief, c’est que Monseigneur de Harlay avertit charitablement M. de Noyon du ridicule que le discours de l’abbé de Caumartin avoit jeté sur lui. Tous ces petits événements sont de l’année 1694, à la veille de l’Assemblée du Clergé. Quel nouveau conflit vit-on éclater dans l’Assemblée entre les deux prélats si hautains ? Ni Dangeau, ni l’abbé Le Gendre n’en ont parlé ; mais on les devine. Saint-Simon parlant des dégoûts qui assaillirent Monseigneur de Harlay