sinon, que je trouve un grand changement en Votre Majesté.
Le Roi, le regardant. — Eh ! que trouvez-vous en moi de changé ? est-ce à mon avantage ou à mon désavantage ?
M. Fagon. — Non, Sire, c’est à votre avantage.
Le Roi, en riant. — Parlez donc, Monsieur le docteur, et vous expliquez ; qu’est-ce que vous remarquez en moi ?
M. Fagon. — Une abondance de santé, Sire, causée par une joie qui se répand sur toute votre personne royale.
Le Roi. — Bon, voilà qui va bien, Monsieur ; je ne laisse pas cependant d’avoir du chagrin de toutes les pertes que je fais cette année de tous côtés.
M. Fagon. — C’est le sort de la guerre, Sire, qui a toujours été de la sorte ; l’amour récompense Votre Majesté de ses pertes, en lui faisant faire des conquêtes dans son empire.
Le Roi, d’un air agréable. — Monsieur, je vois bien que vous êtes aussi savant en amour qu’en médecine ; mais, dites-moi un peu, je vous prie, avez-vous des remèdes pour les cœurs des amants ?
M. Fagon. — Oui, Sire, je les guéris à peu de frais.
Le Roi. — Ah ! Monsieur, donnez-m’en un pour un prince qui souffre beaucoup, qui vous en saura bien du gré.
M. Fagon. — Sire, je ne puis guérir personne si je ne le connois ; mes herbes n’ont point d’effet, si je ne vois et ne touche.