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Le Roi, fort pensif. — Cela est-il bien véritable ? Mais, mon Dieu, mon révérend Père, ce n’est pas ma faute ; si j’ai péché dans cette occasion, ce n’est que par conseil. Messieurs de Pomponne[1], de Harlay[2], et Pontchartrain[3], ne m’ont-ils pas porté à demander à mon clergé les dix millions de don gratuit[4] qu’il m’a fourni

  1. M. de Pomponne. Voy. la table.
  2. M. de Harlay. Voy. la table.
  3. M. de Pontchartrain. La Gazette de France de 1693 parle du sieur Phelipeaux de Pontchartrain qui, déjà conseiller au Parlement, est nommé secrétaire d’État en survivance de son père : il est le septième de son nom qui ait été revêtu d’une semblable charge (Gazette du 26 décembre). — Il fut nommé chancelier et garde des sceaux de France le 5 septembre 1699. — Né le 29 mars 1643, Louis Phelipeaux de Pontchartrain était fils de Louis Phelipeaux de Pontchartrain, président à la Chambre des comptes, et de Suzanne Talon. Mme de Sévigné, Saint-Simon, Dangeau, parlent de lui fréquemment.
  4. Dix millions de don gratuit. — Voy. la note 75 de la page 154. — L’assemblée du clergé s’ouvrit le 28 mai 1695. « Le 8 juin, le sieur Pussort, doyen du Conseil d’État, le sieur Le Peletier, le sieur d’Argouges, le sieur de Harlay et le sieur de Pontchartrain, ministres et secrétaires d’État, commissaires du Roi, allèrent à l’assemblée générale du clergé. Le sieur Pussort parla avec beaucoup de dignité et d’éloquence, et fit une proposition sur laquelle l’assemblée accorda tout d’une voix à Sa Majesté un don gratuit de dix millions. » (Gazette de France du 11 juin 1695.) — « Le grand objet d’une assemblée, c’est le don qu’on y fait au Roi ; mais, comme avant qu’elle commence, ce don ordinairement est réglé entre le ministre, le futur président de cette assemblée et le receveur du clergé, il ne reste, quand elle se tient, qu’à en faire la répartition et qu’à trouver les moyens de payer promptement la somme que l’on a promise. Cette commission est la plus recherchée, parce qu’elle donne occasion de témoigner au Roi le zèle qu’on a pour son service. » (Mém. de l’abbé Le Gendre, Paris, Charpentier, 1863, in-8o p. 102.) — En 1690, le clergé