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démêler le motif qui la fait agir de la sorte ; mais je vous dirai, Mademoiselle, qu’un simple gentilhomme est plus heureux que moi, parce qu’il peut faire ses affaires en secret.

Mlle du Tron. — Je vous l’avoue, Sire.

Mme de Maintenon, revenant. — Sire, je viens dire à Votre Majesté, que voici deux lettres que je viens de recevoir ; l’une est du maréchal de Boufflers, et l’autre m’a été donnée par M. Bontemps pour mademoiselle du Tron : c’est une de ses tantes de Normandie qui lui mande de venir promptement.

Le Roi, d’un air de dépit. — Et l’autre, Madame, que contient-elle ? Apparemment vous en savez aussi la substance ?

Mme de Maintenon. — Non, Sire, je n’ai osé l’ouvrir ; mais je crois que le maréchal se plaint fort de ses soldats qui désertent à tout moment : ce général en a perdu six mille dans Namur[1].

Le Roi. — Depuis un temps vous ne me dites rien que de désagréable.

Mlle du Tron. — Sire, je prends congé de Votre Majesté.

Le Roi. — Où allez-vous, ma belle ? demeurez, je vous prie.

Mlle du Tron, après avoir lu sa lettre [la lettre de sa tante]. — Sire, je viens de lire la lettre de ma tante qui me mande absolument ; Votre Majesté aura la bonté de me laisser aller.

  1. Sur le siége de Namur et la capitulation du maréchal de Boufflers, voyez ci-dessus, p. 144, note 63, et p. 145, note 64.