premier médecin, m’a témoigné mille fois que l’exercice d’amour ne vous vaut rien, parce qu’il ébranle et dissipe les forces naturelles de l’homme ; cependant Votre Majesté ne peut étouffer les désirs charnels qui renaissent toujours. Brisez les chaînes du péché, et vous attachez entièrement à votre salut.
Le Roi, se radoucissant. — Je le ferai, Madame ; ce sont mes affaires, qui ne vous regardent pas. Allez seulement vous reposer, cela fera du bien à votre esprit, qui est en mauvais état.
(Madame de Maintenon s’en va.)
Le Roi. — Parbleu, Mademoiselle, cette dame-là radote, de venir ainsi troubler nos plaisirs. Que ne demeure-t-elle à Saint-Cyr[1], pour donner le nécessaire à ses filles ?
Mlle du Tron. — Sire, il paroît bien à l’emportement de madame de Maintenon qu’elle aime Votre Majesté, puisqu’elle prend tant de part dans ses intérêts.
Le Roi. — Je ne puis pas bien
- ↑ La maison de St-Cyr, à cette époque (1695), comptoit neuf années d’existence, les lettres patentes pour sa fondation étant du mois de juin 1686. — C’est le 3 août suivant qu’eut lieu l’inauguration de la maison, en présence seulement de quelques dames de la Cour et de Mme de Maintenon. « Alors, dit M. Lavallée, commença pour elle un travail qu’elle a continué pendant toute sa vie avec un zèle égal à sa persévérance… Durant les premières années, elle fut obligée, à cause de l’ignorance et de l’inhabileté des jeunes religieuses, de remplir presque toutes les charges de la maison. » (Mme de Maintenon et la maison royale de St-Cyr.)
médecins de la Cour, et la première est celle de Fagon, qui, en retour, est cité plusieurs fois avec éloge par l’auteur anonyme.