charmante, c’est justement celui-là que je souhaite qui vous puisse blesser. Aimez-moi donc, si vous ne l’avez pas encore fait.
Mlle du Tron. — Ah ! Sire, je crains…
Le Roi. — Hé ! que craignez-vous, Mademoiselle ? ne suis-je pas Roi ?
Mlle du Tron. — Il est vrai, Sire ; mais…
Le Roi. — Mais vous doutez, peut-être, si je vous aimerai ; ah ! quelle injustice vous me faites, mon adorable ! vous n’avez que trop de mérite et de charmes pour rendre mon amour éternel.
Mlle du Tron. — Ah ! mon Prince, Votre Majesté ne doit pas être surprise de cette foiblesse ; l’on craint toujours ce que l’on ne veut pas voir, et l’amour est toujours occupé de plusieurs passions.
Le Roi. — Enfin, ma belle, venons au fait : m’aimerez-vous, ou non ? Si vous le faites, vous sauverez la vie d’un prince qui va mourir à vos pieds, et qui, sans ce charmant aveu, seroit le plus malheureux de tous les hommes.
Mlle du Tron, en rougissant. — Sire, qu’une déclaration tendre d’un si grand prince embarrasse une personne comme moi ! je veux tout, je crains tout ; mais hélas ! je ne trouve point de force pour rien résoudre, et je flotte toujours entre l’incertitude que mon cœur m’a fait naître…..
Le Roi. — Bannissez cette incertitude, Mademoiselle, et me rendez heureux.