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Le Roi. — Ce n’est pas ce que madame de Maintenon dit ; la bonne chrétienne veut que les sens obéissent à la volonté et à la raison, qui sont les tyrans de l’homme ; cette dernière ne conclut rien, quoiqu’elle s’oppose à tout d’une manière sévère.

Mme de Maintenon. — Ah ! mon illustre Prince, décidez-vous de la sorte des facultés des créatures, qui rendront compte des biens qu’elles ont reçus du Créateur, qui ne les a créées que pour sa gloire ?

Le Roi, riant, à M. Bontemps. — Ne trouvez-vous pas, Monsieur, que madame de Maintenon est extrêmement savante ? Elle se perd avec un saint plaisir dans la contemplation des mystères divins, qui la ravissent en admiration.

Mme de Maintenon, en soupirant. — Hélas ! mon cher Monarque, je souhaiterois n’avoir plus aucuns sentimens pour la terre qui m’éloignassent du ciel ; mais la foiblesse humaine est si grande, que l’on ne triomphe pas toujours de soi et de la pente naturelle qui vous mène vers le vice.

Le Roi, s’éclatant de rire. — Oh, la belle âme ! Oh, la divine personne, qui est élevée jusques aux cieux par de saints et pieux transports, qui la distinguent des autres femmes !

Mme de Maintenon, quittant le Roi. — Je vois bien qu’il faut céder à Votre Majesté : mais, mon Prince, ne raillez pas davantage

    gagnent rien avec les femmes et qui mourroient de faim sans messieurs les abbés ? »

    Cette cruelle satire est anonyme ; elle n’en fut pas moins jouée à l’hôtel de Bourgogne, vingt ans après le Tartufe, qui eut tant de peine à paroître.