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IX.

Que tous ces grands donneurs d’allarmes,
Comme Chagrins, Soucis et Larmes,
N’entreroient point au cœur d’Iris,
Et que, s’ils osoient l’entreprendre,
La Justice, les voyant pris,
Les casseroit sans les entendre[1].
Les articles furent signés.
Tout se passa de bonne grâce.
Les otages étant donnés,
L’Amour incognito fut visiter la place.
Les Festins, les Cadeaux, les Bals et les Concerts,
Troupes aussi belles que fortes,
Allèrent se poster aux portes,
Trouvant les passages ouverts.
Leur prompt abord troubla la Modestie ;
Mais, la Vertu lui défendant d’agir,
Elle obéit sans nulle repartie[2] ;
Et se contenta d’en rougir.
Enfin l’Amour, pompeux et magnifique,
Fit son entrée au cœur d’Iris[3].
Les Plaisirs, les Jeux et les Ris
Rendirent la fête publique.
La Gloire et la Vertu marchoient à ses côtés,
Et, sous leur charmante conduite,
Ces guerrières, qu’Amour a toujours à sa suite,
Etaloient à l’envi mille et mille beautés.
Tout le monde admiroit son superbe équipage,

  1. On appeloit « cassation de soudrilles » le licenciement des troupes.
  2. Passe-temps royal.
  3. Le doux moment.