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Mademoiselle de Rambures qui, nonobstant qu’un si grand prince lui en coûtât, étoit bien aise d’être mariée, donna les mains sans l’en consulter ; et monseigneur le Dauphin, ayant appris cette nouvelle, en fut si touché, qu’il dit au marquis de Créqui qu’il ne la vouloit plus voir. — Pourquoi donc ? lui répliqua-t-il. Est-ce que vous êtes fâché qu’avec le plaisir que vous aurez d’être bien avec elle, vous ayez encore celui de faire un mari cocu ? Je ne sais pas, mon prince, ajouta-t-il, de quelle manière vous êtes fait ; mais, pour moi, j’y trouve tant de ragoût, que je préférerois toujours les bonnes grâces d’une femme médiocrement belle à celles d’une fille tout à fait accomplie de corps et d’esprit.

Il dit mille choses pour prouver son dire, et le prince se rendit à ses raisons, à condition toutefois qu’il feroit des reproches de sa part à mademoiselle de Rambures de ce qu’elle s’étoit engagée sans lui en parler. Elle s’excusa sur ce que le Roi le lui avoit commandé, et, pour abréger matière, le mariage se fit et fut consommé chez la princesse de Montauban[1], la tante, femme de grand appétit et digne sœur de madame de

    avec mademoiselle de Rambures, est dans l’erreur, puisque madame de Polignac fit elle-même toutes les démarches nécessaires au mariage.

  1. Charlotte Bautru, fille de Nicolas Bautru, comte de Nogent, et de Marie Coulon, fille d’un conseiller au Parlement. Mariée d’abord au marquis de Rannes, et devenue veuve, elle épousa Jean Baptiste Armand de Rohan, prince de Montauban, deuxième fils de Charles de Rohan, duc de Montbazon, comte de Rochefort et de Montauban, et de Jeanne Armande de Schomberg.