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Plessis, qui a été valet de chambre du duc, et qui occupe le petit hôtel d’Aumont, sous promesse de lui faire continuer toute sa vie la permission qu’il a de donner à jouer. De ce petit hôtel il y a communication au grand, et ce bon prélat y entroit toutes les nuits en gros manteau, dès qu’il savoit que le duc étoit à Versailles. Cette fille étoit trop éclairée pour ne pas guetter de tous côtés, d’autant plus qu’elle trouvoit toujours le lit en l’état qu’il devoit être quand le duc avoit couché chez lui ; c’est-à-dire, en bon françois, qu’il paroissoit que la dame n’avoit pas couché toute seule. Elle croyoit néanmoins que c’étoit le duc de Roquelaure qui étoit toujours l’heureux ; mais enfin le prélat lui apparut un jour avec une lanterne sourde à la main, et le nez dans son manteau, ce qui servit à la détromper. Depuis cela elle le vit encore assez souvent faire le même personnage, de sorte qu’elle crut qu’il n’y avoit qu’à poster le marquis de Villequier dès que son père seroit parti. Et en effet, étant allé le même jour à Versailles, il vit entrer l’archevêque en habit décent, ce qui ne lui permit plus de douter de ce qu’on lui avoit dit.

Ce jeune homme n’étoit pas d’un autre caractère que la plupart des gens de la cour, quoiqu’il n’y eût pas longtemps qu’il y parût. Les autres l’avoient formé sur leur modèle, et il étoit si fou qu’il y en avoit aux Petites-Maisons qui ne l’étoient pas tant. Il en auroit donné des marques dans le même moment, sans la nuit qui l’empêcha de sortir, et lui ayant duré mille ans, tant il avoit d’impatience de faire une sottise,