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de s’adonner, s’ils vouloient faire coterie avec ceux qui s’appellent petits-maîtres[1]. Et ce qui rendoit ce désordre plus commun, c’est que, quelque réprimande qu’en eût faite le Roi, il n’avoit pas été à son pouvoir de se faire obéir. Cependant on auroit eu lieu d’espérer que l’âge les auroit fait rentrer en eux-mêmes, si l’on n’eût vu que les barbons comme les autres commençoient à s’en mêler. Entre ceux-là il n’y en avoit point qui les mît plus en humeur que le marquis de Termes[2], homme dans un désordre épouvantable, et qui avoit quitté sa femme pour vivre avec la marquise de Castelnau[3], laquelle avoit si

  1. On prétend que ce nom de petits-maîtres commença à s’établir en France lorsque le duc de Mazarin, fils du maréchal de La Meilleraie, fut reçu grand-maître de l’artillerie en survivance de son père : on appela petits-maîtres les jeunes seigneurs de son âge. On donna ensuite ce nom aux jeunes gens qui prétendoient briller plus que les autres ; et Saint-Evremont nous montre déjà cette qualification tombée dans le discrédit parce qu’on l’appliquoit à la bourgeoisie.
  2. « M. De Termes étoit de la même maison que M. de Montespan et n’avoit de noble que de la naissance et de la valeur. Il étoit pauvre, et si bas qu’il fit l’impossible pour être premier valet de chambre du Roi. » (Saint-Simon, Comment. sur le Journal de Dangeau, t. 1, p. 81.) — M. de Montespan ne tenoit à l’illustre maison de Saint-Lary, d’où le duc de Bellegarde et son frère le marquis de Termes, que par les femmes. La sœur du duc de Bellegarde avoit en effet épousé le bisaïeul du marquis de Montespan, dont la femme fut aimée de Louis XIV, et l’aïeul du marquis épousa aussi une Saint-Lary.
  3. Louise Marie Foucault, fille du maréchal de ce nom, étoit veuve, depuis le 2 déc. 1672, de Michel II de Castelnau, fils lui-même d’un maréchal de France. La marquise avoit aimé, paroît-il, le duc de Longueville, qui se moquoit d’elle. Quand il mourut, madame de Castelnau apprit vite les vrais sentiments du duc, et, le 8 juillet 1672, madame de Sévigné écrivoit : « La Castelnau est consolée. »