Mais c’étoit au roi à le marier, et il ne sut pas plus tôt la mort de son père qu’il lui fit proposer que, s’il vouloit songer à mademoiselle de Laval[1], fille d’honneur de madame la Dauphine, il lui donneroit deux cent mille francs et le brevet de duc. Ces offres étoient trop avantageuses pour les refuser. La demoiselle étoit d’une des premières maisons de France, aimable de sa personne, ayant de l’esprit infiniment, et enfin revêtue de toutes les bonnes qualités que l’on pouvoit désirer. Aussi le duc du Lude[2], oncle de Biran, et qui lui tenoit lieu de père, remercia d’abord le roi des bontés qu’il avoit pour lui, et, sans le consulter, l’assura qu’il seroit disposé à lui obéir ; mais, l’ayant trouvé, il fut surpris de ne lui pas voir pour cette affaire toute la chaleur qu’il dût avoir, et lui en ayant demandé la raison : « Parce, lui répondit Biran, que le Roi prend trop de soin de mademoiselle de Laval. » Ce peu de paroles fit comprendre au duc du Lude qu’il falloit qu’il eût ouï quelque chose de certains discours qui s’étoient faits à la cour sur ce sujet ; mais, comme ce duc ne voyoit rien d’égal au brevet qui étoit proposé par ce mariage, il fit ce qu’il put pour lui insinuer l’ambition qui le tourmentoit lui-même. Biran voulut encore lui contredire ; mais lui, se fâchant aussitôt, lui répliqua qu’il ne falloit point couvrir d’un prétexte comme celui-là un refus qui ne procédoit que
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