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Biran, qui avoit peur qu’elle ne prît l’autre parti pour n’être pas en état de lui rendre service si tôt, lui répondit qu’il s’étonneroit de se voir quereller, s’il ne savoit que toutes les dames étoient injustes ; que c’étoit à lui à se plaindre de ce qu’elle l’obligeoit à tant de respect ; qu’il se voyoit contraint de prendre des plaisirs qu’elle auroit pu rendre plus grands si elle avoit voulu ; qu’il ne pouvoit que faire si la jupe étoit gâtée ; qu’elle savoit comment cela arrivoit ; qu’il n’y avoit qu’à en avoir une autre, et que, si elle en vouloit une toute semblable, il n’y avoit pas si longtemps qu’elle l’avoit achetée que le marchand n’en eût encore de quoi en faire une à la pièce. Cette petite dispute se termina bientôt : Biran, qui avoit de grandes ressources, fut dans un moment ressuscité, et, voulant faire un meilleur usage de ses forces qu’il n’avoit fait l’autre fois, il chercha à faire sa paix par des caresses. La dame, qui n’avoit pas vu renaître les plaisirs si promptement, ni avec Caderousse, ni avec son mari, fut touchée d’un si grand témoignage d’amour ; et, comme elle étoit encore échauffée de ses premiers mouvements, elle ne fit qu’une résistance si médiocre, que Biran la jeta sur un lit. Elle éprouva là que ceux qui ont dit qu’il ne falloit jamais mesurer un homme à la taille ont raison : car, quoique Biran ne fût qu’un demi-homme en comparaison des deux dont elle avoit tâté, il en fit autant lui seul qu’ils en faisoient tous deux ensemble. Comme elle le vit si emporté, elle le pria de se modérer un peu, lui faisant entendre que les choses violentes n’étoient pas de longue durée. Mais il lui dit qu’elle