Page:Bussy Rabutin - Histoire amoureuse des Gaules, t. 3, éd. Boiteau, 1858.djvu/43

Cette page n’a pas encore été corrigée

La porte de l’Ouïe est étroite et petite ;
Il faut passer par cent jolis détours,
Et c’est en vain qu’on sollicite
D’y pouvoir entrer tous les jours.
On n’entre pas dès qu’on ose y paroître,
Il faut parler et se faire connoître.
Celle du Goût a ses beautés,
Et mille régularités ;
La nature la fit avec un soin extrême,
C’est un ouvrage sans égal,
Et cette porte, enfin, d’ivoire et de corail,
S’ouvre à propos et se ferme de même.
Celle de l’Odorat exhale des odeurs
Plus douces que celles des fleurs.
La porte du Toucher est extrêmement forte ;
Mais tout le monde sait, sans en être surpris,
Que ce n’est point par cette porte
Qu’on entre dans le cœur d’Iris.
Enfin cette place fameuse
Par son assiette avantageuse
N’est pas difficile à garder,
Et l’on a toujours pu connoître
Qu’on n’y prétend souffrir qu’un maître,
Et que la Vertu seule à droit d’y commander.
C’est aussi la Vertu qui défend cette place,
Avec mille beaux sentiments.
L’Amour sans cesse la menace,
Mais elle rit de ses emportements.
Cette personne incomparable,
Parfaite en tout, partout aimable,
Rejettoit tous ses favoris,