Page:Bussy Rabutin - Histoire amoureuse des Gaules, t. 3, éd. Boiteau, 1858.djvu/429

Cette page n’a pas encore été corrigée

et, envoyant quérir à l’heure même son notaire, le contrat fut dressé sans y appeler aucuns parents. En effet, il n’y avoit guère d’apparence qu’ils eussent consenti à une chose si désavantageuse pour mademoiselle de Rambures, laquelle étoit une grosse héritière et d’une des meilleures maisons de Picardie.

La chose étant arrêtée de la sorte, madame de Rambures lui dit que c’étoit au moins à condition qu’il seroit fidèle à sa fille, et qu’il ne reverroit plus la duchesse d’Aumont. Et comme il vouloit toujours lui nier qu’il eût jamais été bien avec elle, elle lui dit qu’elle ne parloit point sans savoir ; que, sans rappeler le passé, elle avoit pris assez d’intérêt en lui pour s’éclaircir de leur intrigue ; et là-dessus, lui contant tout ce que nous avons rapporté ci-devant, elle le mit dans un si grand étonnement qu’il eut peine à croire ce qu’il entendoit.

Il falloit qu’elle prît ce temps-là pour lui faire un tel aveu, car dans un autre il ne lui auroit jamais pardonné cette tromperie. Cependant il lui demanda si elle avoit encore la lettre de la duchesse, et, ayant su que oui, il la pria de la lui rendre, lui promettant, moyennant cela, et moyennant aussi qu’elle gardât le secret, de ne lui en jamais rien témoigner.

La marquise lui promit l’un et l’autre, et, lui ayant rendu la lettre, il s’en fut trouver la duchesse d’Aumont, à qui, après avoir fait un récit sincère de tout ce qui s’étoit passé, il dit qu’il étoit sur le point d’épouser mademoiselle de Rambures, qui étoit un mariage avantageux ; que néanmoins le procédé de la mère étoit si