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criminel, personne ne pouvant le reconnoître en l’état qu’il étoit.

Ces excuses donnèrent le temps au bon prélat de prendre son parti, et ayant avoué une partie de la vérité à monsieur de Lionne, c’est-à-dire qu’il étoit là pour prendre garde si le duc de Sault ne viendroit point, qu’il soupçonnoit de vouloir débaucher la marquise de Cœuvres, il lui tut l’autre, qui étoit pourtant la véritable cause de la peine qu’il se donnoit. Monsieur de Lionne, qui connoissoit la foiblesse humaine, et qui par conséquent croyoit sa fille capable de tout, loua son zèle et s’offrit de faire pied de grue avec lui. Cependant il envoya toujours devant son valet de chambre, à qui l’évêque n’avoit pas jugé à propos de découvrir son secret, ayant parlé exprès tout bas à l’oreille de son maître. Ils se séparèrent tous deux pour mieux découvrir les allants et les venants ; mais leurs peines auroient été inutiles, si le valet de chambre, qui étoit curieux de son naturel, n’eût veillé de son côté pour voir ce que tout cela vouloit dire.

Comme il avoit les yeux alertes de toutes parts, il vit qu’un homme escaladoit les murailles du jardin, ce que les sentinelles ne purent voir pour estre d’un autre côté ; de là il le vit entrer par une fenêtre qui répondoit sur le parterre, qu’on lui tenoit ouverte ; après quoi ayant disparu, ce lui fut un sujet d’une profonde méditation. En effet, comme il se doutoit bien qu’il falloit qu’il y eût de l’amour sur le jeu, et qu’il ne pouvoit l’appliquer qu’à sa maîtresse ou à la fille du logis, il étoit incertain s’il en devoit