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verrez si c’est ma poudre qui vous empêche de faire votre devoir. C’est une excuse, ajouta-t-il, qu’inventa assez adroitement le comte de S. Pol pour se disculper envers la Mignard, qu’il pressoit depuis longtemps de lui accorder un rendez-vous, mais qui, après avoir promis monts et merveilles à cette pauvre fille, ne put jamais faire la troisième partie de ce que je ferois, moi qui ai deux fois plus d’âge que lui. Je ne lui veux pas de mal de s’être tiré d’affaire comme il a pu ; mais je lui aurois été plus obligé de ne le pas faire à mes dépens. J’ai pour dix mille écus de Polville chez moi, et vous n’avez qu’à débiter comme lui vos rêveries pour m’envoyer à l’hôpital. »

La Vienne étoit sur le point, de longue main, de dire à ces messieurs-là toutes leurs petites vérités, tellement que le duc de Sault ne se fâcha point de s’entendre dire les siennes. Il lui dit au contraire qu’il vouloit éprouver s’il avoit plus de raison que lui, et que, pour cela, il ne vouloit pas sortir de sa maison de quatre jours ; qu’il seroit témoin lui-même qu’il s’abstiendroit de voir le comte de Tallard et Louison d’Arquien, et qu’il eût soin seulement de faire tirer en bouteilles une pièce de vin de Champagne que ses gens avoient découverte dans le cimetière Saint-Jean, aux Deux Torches[1] ; que pour ne la lui pas

  1. Le cimetière Saint-Jean étoit situé au bout de la rue de la Verrerie, dans le quartier Sainte-Avoie. Malgré son nom, qu’il conservoit toujours, le cimetière Saint-Jean étoit devenu un marché dès l’année 1391, et il étoit entouré de nombreux cabarets. (Voy. l’Histoire des hôtelleries et cabarets, par M. Ed. Fournier, et les Variétés historiques et littéraires