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des espérances qu’on lui donnoit, d’un autre, elle fut fâchée de l’accident qui l’obligeoit d’attendre. Ainsi partagée entre l’un et l’autre, elle fut un peu de temps sans savoir si elle feroit réponse ; mais celui qui lui avoit apporté la lettre la pressant de se déterminer, son tempérament l’emporta sur toutes choses, et, croyant de bonne foi avoir affaire au duc de Sault, elle prit de l’encre et du papier et lui écrivit ces paroles :

Lettre de Mme de Lionne au Duc de Sault.


Je croyois, il n’y a qu’un moment, que le plus grand de tous les maux étoit d’avoir affaire à une bête ; mais, à ce que je puis voir, celui d’avoir affaire à un débauché est encore autre chose. Si vous n’étiez que bête, j’aurois pu espérer, en vous parlant françois encore mieux que je n’avois fait, vous faire entendre mon intention ; mais que me sert maintenant que vous l’entendiez, si vous n’y sauriez répondre ? Je suis au désespoir de cet accident ; et qui m’assurera qu’on puisse jamais prendre confiance en vous ? Il y a tant de charlatans à Paris ! Et si par malheur vous êtes tombé entre leurs mains, à quelle extrémité réduiriez-vous celles qui tomberont ci-après entre les vôtres ? Si la bienséance vouloit que je vous envoyasse mon chirurgien, c’est un habile homme et qui vous tireroit bientôt d’affaire. Mandez-moi ce que vous en pensez ; car, puisque je vous pardonne déjà une faute comme la vôtre, je sens bien que je ne me pourrai jamais défendre de faire tout ce que vous voudrez.

« Oh ! la folle ! oh ! l’emportée ! oh ! la gueuse ! s’écria