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temps la main sur les instructions que lui avoit données son ancienne dame, elle les lut avec quelque espèce de chagrin, parce qu’elle y trouvoit son action blâmée ; mais qu’y faire ? La parole est donnée, et la chose est trop avancée pour s’en dédire. Mais d’autre côté les instructions ont raison, elle va entreprendre une affaire dont elle se pourra repentir ; que faire à cela ? Elle trouva une fin : c’est qu’elle sacrifia ces instructions au feu, pour n’avoir rien qui lui pût reprocher son procédé. Les voilà donc brûlées, et elle en repos.

Le dimanche cependant approchoit. Elle se hâta de plier ses meilleures nippes dans un petit paquet, et à l’heure assignée elle le prit sous son bras et sortit du château sans être aperçue de personne ; à deux cents pas de là elle trouva son amant, qui l’attendoit avec un carrosse à six chevaux, qui firent grande diligence lorsqu’ils furent dedans[1]. Ainsi, dans moins de deux heures ils furent rendus à sa maison, où il lui avoit fait préparer un appartement magnifique, et où il coucha cette nuit avec elle, et lui ravit ce qu’elle avoit de plus précieux au monde. On la trouva d’abord à dire au château, et on crut qu’elle s’en étoit retournée chez son ancienne dame ; on y envoya voir, mais elle n’y étoit pas. La vieille dame s’en mit beaucoup en peine, et Olympe aussi de son côté faisoit tous ses efforts pour savoir si elle n’auroit point été assassinée. Tout cela n’éclaircissoit rien, et je crois qu’on auroit été longtemps sans en savoir de nouvelles,

  1. Nouvelle calomnie, si contraire à toutes les traditions que nous n’avons pas même à la discuter.