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Qu’ils eurent lieu, de l’emporter.
    Ce n’est pas toujours une règle
Que l’on puisse manquer de respect à son Roi
    Pour aimer quelquefois un Aigle,
    Sans s’écarter de son emploi.
C’est entre les oiseaux chose fort naturelle
  De s’adonner aux plaisirs de l’amour ;
    Chacun d’eux veut faire sa cour,
    Chacun cherche à charmer sa belle,
Et, si dans peu de temps il n’y voit pas de jour,
Il tâche d’allumer une flamme nouvelle.
    Ce n’est pas être ambitieux,
Et un jeune Moineau n’est pas audacieux
Quand il aime une Aiglonne, encor qu’incomparable :
  Il faut aimer ce que l’on trouve aimable,
    Et il faut aimer tout de bon.
    C’est être privé de raison,
    Et c’est se rompre en vain la tête,
    D’improuver de si justes feux.
    Chacun cherche à faire conquête,
Et, sans se mettre en peine où l’on porte ses yeux,
On cherche seulement à devenir heureux,
    Sans s’arrêter à la manière.
    D’ailleurs, quand on dit : « Je le veux »,
    On peut faire offre de ses vœux
À la plus belle Aiglonne, et même à la plus fière,
    Quand elle met bas la fierté,
Qu’elle veut suppléer à l’inégalité.
    Pourvu qu’un jeune oiseau soit brave,
Vigoureux, plein d’amour, galant au dernier point,
    Une Aiglonne ne dédaigne point
De recevoir les vœux d’un si charmant esclave.
Un si parfait oiseau ne peut être indiscret ;
    Il peut témoigner sa tendresse,