fait éclater tous les jours pour votre rare mérite lui donneroit un prix au dessus de ce qu’on peut se figurer de grand et d’aimable. — C’est-à-dire, dit Mademoiselle, que M. de Lauzun est toujours l’homme du monde qui a le don d’inventer à tout moment les plus agréables galanteries, et, quelques prières que je lui aie faites pour m’en exempter, son bel esprit ne peut se faire cette violence. Est-il possible qu’il n’y ait qu’un Lauzun dans le monde qui soit capable de si rares inventions, et que lui seul se puisse vanter de débiter tout ce qu’il y a de beau et de recherché, pour former un entretien digne des plus beaux esprits du siècle ? Pour moi, je ne comprends pas, continua-t-elle, d’où vous prenez tout ce que vous dites, et je ne puis m’empêcher d’être surprise par la nouveauté des choses que vous faites paraître. — Ah ! qu’il est aisé de parler et de dire de belles choses, Mademoiselle, reprit M. de Lauzun, quand on a l’avantage de les voir éclater sur Votre Altesse Royale avec le brillant avec lequel elles y paroissent, et qu’il est aisé et glorieux de devenir docteur lorsqu’on a l’honneur de converser avec vous ! — Taisons-nous là dessus, car je sais bien que je ne gagnerai rien avec vous, dit Mademoiselle, et sachons ce que vous a dit le Roi. — Le Roi vous a priée, Mademoiselle, continua M. de Lauzun, de vous disposer à faire le voyage avec la Reine, mais il vous en prie très instamment. Je savois que, s’il ne falloit qu’un ordre pour cela, vous ne resteriez pas ici, poursuivit-il en souriant, et d’une façon fort enjouée ; car il m’auroit été trop rude et sans doute impossible de pouvoir trouver du repos sans être toujours auprès de vous pour
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