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j’ai su jusques aujourd’hui ce que l’on doit aux dames du commun, mais je n’ai jamais pu apprendre tout ce que je dois aux personnes royales, ou, si je l’ai su, je l’ai oublié depuis peu. — Mais qu’est-ce que vous voulez dire ? lui dit Mademoiselle. — Ce que je veux dire, Mademoiselle ? répondit monsieur de Lauzun ; quoi ! Votre Altesse Royale voudroit-elle bien qu’en perdant le respect que je lui dois, je vinsse encore m’exposer à un combat où je prévois ma perte tout entière ? — Mais encore une fois, qu’est-ce donc que vous voulez dire ? lui dit-elle en souriant, je ne comprends rien en vos discours ; expliquez-vous mieux si vous voulez que je vous entende. — Ha ! Mademoiselle, répartit monsieur de Lauzun, je crains de ne m’expliquer que trop pour mon malheur ; si toutefois Votre Altesse Royale feint de ne me point entendre, je m’en expliquerai plus ouvertement quand elle m’en donnera la permission. — Je serois fort aise que ce fût présentement, reprit Mademoiselle, continuant son souris. — Puisque Votre Altesse Royale me le commande, dit monsieur de Lauzun, il faut lui obéir. À l’ouverture de la porte de votre chambre, commença-t-il, je n’ai pas eu sitôt fait le premier pas, que le premier objet qui s’est présenté à mes yeux a été votre Royale personne, mais dans un état si éclatant que jamais mes yeux n’ont été si surpris ; et cette surprise ou la crainte de manquer de respect et de faire naufrage m’ont fait retirer avec la dernière précipitation. J’aime les belles choses autant que qui que ce soit ; aussi, Mademoiselle, à l’entrée de votre chambre, j’ai aperçu,