Page:Bussy Rabutin - Histoire amoureuse des Gaules, t. 1, éd. Boiteau, 1856.djvu/67

Cette page n’a pas encore été corrigée

quitté le lit, qu’elle gardoit depuis quatre mois pour une fort grande incommodité à la jambe, lorsqu’elle résolut de se masquer, et cette envie avança plus sa guérison que tous les remèdes qu’elle faisoit il y avoit long-temps. Elle se masqua donc par quatre ou cinq fois avec son mari ; mais comme ce n’étoit que de petites mascarades obscures, elle en voulut faire une grande et fameuse dont il fût parlé ; et pour cet effet elle se déguisa, elle quatrième, en capucin, et fit déguiser deux autres de ses amis en sœurs collettes. Les capucins étoient elle, son mari, Ivry et l’abbé de Villarceaux ; les religieuses étoient Craf, Anglois, et le marquis de Sillery. Cette troupe courut toute la nuit du mardi gras en toutes les assemblées[1]. Le roi et la reine, sa mère, ayant appris cette mascarade, s’emportèrent fort

    commandée par le comte d’Olonne, cornette d’icelle compagnie, couvert d’un vêtement de broderie d’or et d’argent, avec un baudrier garni de belles perles et des plumes blanches, feuille morte et couleur de feu, avec un cordon d’or, sur un cheval blanc, très bien ajusté, dont la housse d’écarlate étoit garnie de même que son habit. (Relation de la cavalcade faite pour la majorité du roi, 1651.)

  1. Contrôlons, une fois entre autres, le témoignage de Bussy. Sauf en un point qui est qu’elle remplace madame d’Olonne par une de ses demoiselles, mademoiselle de Montpensier (t. 3, p. 286) confirme tout ce que notre auteur avance. On pourroit multiplier ces rapprochements : — « Nous allâmes à plusieurs bals, nous trouvâmes souvent les pèlerines : elles n’osèrent jamais se démasquer. On nous demandoit partout si nous n’avions pas trouvé des capucins et des capucines ; ils sortoient toujours un moment devant que nous entrassions. On nous dit chez le maréchal d’Albret qu’on y avoit vu un capucin qui avoit le bras et la main belle, et qu’il avoit touché sur son passage dans celle de M. de Turenne.

    « Le premier jour de carême, on ne parla que du scandale que cette mascarade avoit fait. Les prédicateurs prêchèrent