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au désespoir l’homme du monde qui vous aimoit le plus, vous pourrez bien le voir mourir sans en être touchée. Adieu[1]


La première lettre que le duc de Candale avoit écrite à madame d’Olonne sur le sujet de Jeannin lui avoit fait tant de peur de son retour, qu’elle l’appréhendoit comme la mort, et je pense qu’elle souhaitoit de ne le revoir jamais. Cependant le bruit de l’extrémité où il étoit la mit au désespoir, et la nouvelle de sa mort, que lui donna son amie la comtesse de Fiesque[2], faillit à la faire mourir elle-même. Elle fut quelque temps sans connoissance et ne revint qu’au nom de Mérille, qu’on lui dit qui lui vouloit parler.

Mérille[3] étoit le principal confident du duc, qui apportoit à madame d’Olonne, de la part de son maître, la lettre qu’il lui avoit écrite en mourant, et la cassette où il enfermoit ses lettres et toutes les autres faveurs qu’il avoit reçues d’elle. Après avoir lu cette dernière lettre, elle se mit à pleurer plus fort qu’auparavant. La comtesse, qui ne la quittoit point en un état si déplorable, lui proposa, pour amuser sa douleur, d’ouvrir cette cassette. La comtesse trouva d’abord un mouchoir

    belle taille, sa belle tête blonde ». Mais où sont les neiges du dernier hiver ? Ah ! Candale, si ce n’est quelques érudits, qui connoît votre nom et quelle belle vous regrette ?

  1. Assurément cette lettre est pleine de tristesse, et madame d’Olonne ne put la lire sans peine.
  2. Nous n’en sommes pas quittes avec ce nom-là.
  3. Pour l’honneur de ces annotations, je dois déclarer que tout ce que j’ai trouvé en fait de Mérille, c’est un jurisconsulte de Troyes, né en 1579, mort en 1647. Ce n’est pas ce que je cherchois.