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ent avec vous[1]. Puisqu’un peu de mérite que j’avois et la plus grande passion du monde ne m’en ont pu faire venir à bout, je n’y ai plus d’attachement, et je vois bien que la mort me va délivrer de beaucoup de peines. Si

  1. Il faut en finir avec Candale. Tallemant met ceci dans son Historiette de Sarrazin : « On croit que Sarrazin a été empoisonné par un Catelan (Catalan), dont la femme couchoit avec lui. » Et dans une note il ajoute ceci : « Le père Talon dit que la femme ne fut point empoisonnée ; que son mary, qui estoit bien gentilhomme, l’espargnoit à cause de ses parens, qui estoient plus de qualité que luy ; mais il empoisonnoit les galans d’un poison bruslant. Il croit que M. de Candalle en est mort. » Cosnac (t. 1, p. 190) veut que la femme soit morte aussi. Ce n’est pas la femme qui nous intéresse le plus ; nous ne devons remarquer dans ce texte de Tallemant que la singulière explication donnée à la mort de Candale. Mais en voici bien d’autres : ce Vanel qui a écrit les Galanteries de la cour de France (édit. de 1695, p. 232) pense que « la marquise de Castellane fut cause de sa mort, luy ayant donné de trop violentes marques de son amour lorsqu’il passa par Avignon, où elle demeuroit ordinairement. » Croira-t-on Vanel cette fois, lui qui, le plus souvent, mérite si peu qu’on le croie ? Desmaizeaux (édit. de Saint-Evremont de 1706) affirme qu’il mourut « des suites d’une galanterie avec une dame célèbre dans ce temps-là par sa beauté, et depuis par sa mort tragique ». Ce seroit la marquise de Ganges, si célèbre en effet. Guy-Patin, l’homme au nez fin, ne veut pas chercher si loin (Lettre du 1er mars 1658) : selon lui Candale est mort « pourri d’une vieille gonorrhée ».

    Nous avons eu occasion de savoir ce que valoit la marquise de la Beaume, nièce du maréchal de Villeroy ; il faut lui pardonner quelque chose, parcequ’elle semble avoir bien aimé Candale. Elle avoit les plus admirables cheveux blonds du monde : elle se les coupa en signe de deuil (Montpensier, t. 3, p. 400). Cette anecdote est partout ; on ne la raconte pas de la même façon partout. Quoi qu’il en soit, l’infortuné Candale est mort bien jeune. Il avoit eu plus de bonnes fortunes qu’un seul homme n’a raisonnablement le droit d’en espérer. Le tragique n’y manqua pas toujours. C’est Chavagnac (Mém., t. 1, p. 210) qui le peint accourant au galop à Bordeaux pour y revoir, après une longue absence, une amie fortement aimée :